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Sénèque
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[2,116] XCVI. QU'IL FAUT BANNIR ENTIÈREMENT LES PASSIONS.

« Lequel vaut mieux d'avoir des passions modérées, ou de
n'en point avoir du tout?
» Question souvent débattue. Nos
stoïciens les proscrivent entièrement; les péripatéticiens veulent
qu'on sache les régler. Pour moi, je ne vois pas ce que,
pour être médiocre, une maladie peut avoir de salutaire ou d'utile.
Ne craignez pas : je ne vous ôte rien de ce dont vous ne
pouvez vous passer; je serai facile et indulgent pour ces objets
auxquels vous aspirez, que vous jugez nécessaires, ou utiles,
ou même agréables à la vie : je n'extirperai que vos vices. En
vous défendant le désir, je vous permettrai le vouloir; vous
ferez les mêmes choses, mais vous les ferez sans trouble, d'un
esprit plus ferme et plus résolu; vous pourrez ainsi mieux
goûter les mêmes plaisirs. En effet, ils viendront mieux à vous
quand vous leur commanderez, que si vous leur obéissiez.
Mais il est naturel, dites-vous, que la perte d'un ami me déchire
le coeur ; n'autorisez-vous pas des larmes si légitimes? Il
est naturel d'être flatté de l'estime des hommes, et affligé de
leur mépris : pourquoi m'interdiriez-vous cette vertueuse
crainte d'une mauvaise renommée? - Il n'est point de faiblesse
qui n'ait son excuse prête. Il n'est point de vice qui, à
son début, ne soit modeste et traitable; c'est par là qu'il fait
le plus de progrès. Vous n'obtiendrez pas qu'il s'arrête, si vous
avez souffert son premier essor. Toute passion naissante est
mal assurée; puis d'elle-même elle s'enhardit, elle prend force
à mesure qu'elle avance : il est plus aisé de ne pas lui ouvrir
son coeur, que de l'en bannir. Toutes, qui peut le nier? découlent
en quelque sorte d'une source naturelle : la nature nous
a commis le soin de nous-mêmes; mais ce soin, dès qu'on y met
trop de complaisance, devient vice. La nature a mêlé le plaisir
à tous nos besoins, non pour que l'homme le recherchât,
mais afin que ce doux surcroît nous rendît plus agréables les
indispensables nécessités de la vie. Le plaisir qui veut qu'on
l'admette pour lui seul, est mollesse. Fermons donc la porte
aux passions, puisqu'on a moins de peine, encore une fois, à
ne les pas recevoir, qu'à les faire sortir.

Permettez-moi, dites-vous, de donner quelque chose à l'affliction,
quelque chose à la crainte. - Mais ce quelque chose
s'étend toujours loin, et n'accepte pas vos arbitraires limites.
Le sage peut sans risque ne pas s'armer contre lui-mëme d'une
inquiète surveillance : ses chagrins, comme ses joies, s'arrêtent
où il le veut ; pour nous, à qui la retraite est si difficile,
le mieux est de ne point faire un seul pas en avant. Je trouve
fort judicieuse la réponse de Panétius à un jeune homme qui
voulait savoir si l'amour serait permis au sage : « Quant au
sage, lui dit-il, nous verrons plus tard; pour vous et moi, qui
sommes encore loin de l'être, gardons-nous de tomber à la
merci d'une passion orageuse, emportée, esclave d'autrui, vile
à ses propres yeux. Nous sourit-elle? sa bienveillance enflamme
nos désirs; vient-elle à nous rebuter? ses dédains nous irritent.

La facilité en amour n'est pas moins nuisible que la résistance :
on se laisse prendre à l'une, on se raidit contre l'autre. Convaincus
de notre faiblesse, sauvons-nous dans l'indifférence.
N'exposons nos faibles âmes ni au vin, ni à la beauté, ni à l'adulation,
ni à toutes ces choses qui nous flattent pour nous
perdre.
» Ce que Panétius répondit au sujet de l'amour, je le
répéterai pour tel sujet que ce soit. Fuyons au plus loin tout
sentier où l'on glisse : sur le terrain le plus sec nous avons
tant de peine à nous tenir ferme !

Ici vous m'allez opposer le banal reproche fait aux stoïciens :
« Trop hautes sont vos promesses, trop rigoureux vos préceptes.
Chétives créatures, nous ne saurions tout nous interdire. Passez-moi
une douleur mesurée, des désirs que je tempère, une
colère qui va s'apaiser.
» Savez-vous pourquoi notre morale est
impraticable pour vous ? C'est que vous la croyez telle ; ou
plutôt, nous ne disons pas le motif réel; si nous défendons nos
vices, c'est qu'ils nous sont chers; nous aimons mieux les excuser
que les chasser. La nature donne à l'homme assez de force, s'il
voulait s'en servir, la recueillir toute et s'en armer pour se défendre,
ou du moins n'en pas abuser contre lui-même. Nous ne voulons pas,
serait le vrai mot; nous ne pouvons pas, n'est qu'un prétexte.


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Présentation des Lettres à Lucilius en vidéo :
Sur le forum stoïcien 03 octobre 2020 : la crainte de la mort analysée par Sénèque Lettre 4.

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